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N'entre pas dans la ‘Taverne de la Ruine’
     sans avoir un bon comportement,
car ceux qui tiennent la porte
     sont les confidents du Roi.

—Hafiz,

Entrer dans la voie des gens du coeur implique certaines règles et comportements (adab) et des cérémonies qui ont étés respectés et auquel ont adhèré les soufis au long des siècles. Ces règles et comportements et ces cérémonies ont été transmis par les maîtres de la voie jusqu'à aujourd'hui.

Selon le commandement "Parcours la voie de la façon dont les autres l'ont parcourue avant", ces règles et comportements ont été énumérés et leurs secrets et significations expliqués afin de guider les chercheur.

Les cinq Ghusls

Avant d'être initié dans le monde de la pauvreté spirituelle (faqr), ceux qui cherchent à parcourir la voie en direction de Dieu doivent accomplir niyyat* et ensuite cinq ghusls* de la façon décrite ci-dessous:

  1. Le Ghusl du Repentir (tuba)

    Avec ce ghusl, le chercheur se repent de ses fautes et de ses errances passées. Il demande aussi pardon, rejoignant l'adoration de Dieu, pour le péché d'adoration de soi qu'il à commis jusqu'à ce jour.

  2. Le Ghusl de la soumission (taslim)

    Avec ce ghusl, le chercheur se repent de ses fautes et de ses errances passées. Il demande aussi pardon, rejoignant l'adoration de Dieu, pour le péché d'adoration de soi qu'il à commis jusqu'à ce jour.

  3. Le Ghusl de l'initiation à la pauvreté spirituelle (faqr)

    Pour entrer dans le monde de la pauvreté spirituelle, l'on doit être pur à la fois extérieurement et intérieurement. Ainsi, on accompli un ghusl extérieurement en nettoyant sont être extérieur afin que l'être intérieur s'incline également vers la pureté:

    Purifie toi et avance ensuite dans la "Taverne de la Ruine"
         Afin de ne pas la polluer.

    —Hafiz,

  4. Le Ghusl du pèlerinage (ziyarat)

    C'est une tradition lorsque l'on rend visite à des personnes qui méritent le respect dans le monde de se laver le corps et de se vêtir d'habits propres. De même, lorsque l'on fait pèlerinage vers une personne Parfaite, ou "Maître de la Voie" (pir-i tariqat), l'on devrait se laver et se purifier de la même manière.

    D'abord purifie-toi
         Et ensuite regarde vers cet Etre Pur.

    —Hafiz,

    Pour cette raison, le chercheur doit accomplir un Ghusl en lavant son être extérieur et revêt des habits propres avant d'approcher le maître pour recevoir les ordres de la Voie.

  5. Le Ghusl de la réalisation (qadha-yi Hajat)

    Puisque la supplication (niyaz) du chercheur en parcourant la Voie est d'atteindre le rang d'Etre Parfait, un ghusl de réalisation de cet objectif est accompli avant de venir en présence du maître.

 

Les cinq symboles de pauvreté spirituelle

Après avoir accompli les cinq ghusls, le ou la chercheur(-se) prépare cinq objets qui sont mis en présence du maître et lui sont donnés, afin que le chercheur de la Voie des voyageurs vers l'Unité soit accepté et guidé. Ces cinq objets sont: quelques mètres de tissu blanc, une noix de muscade entière, une bague, une pièce de monnaie et du sucre candie. Chacun de ces objets symbolise un engagement particulier pris par celui qui souhaite aller vers Dieu. Ces engagements sont représentés par des objets afin qu'ils restent gravés dans la mémoire du voyageur et ne soient jamais oubliés.

  1. Un drap blanc (chilwar)

    Le drap blanc mis en présence du maître représente le linceul du voyageur et indique que tout comme un cadavre dans les mains du ghassal (celui qui lave les morts), le voyageur est devenu totalement soumis à Dieu. En faisant cela, il ou elle considère les ordres du maître comme des ordres de Dieu et leur obéit sans demander "comment" ou "pourquoi".p>

  2. Une noix de muscade entière (juz)

    Juz représente la tête du voyageur. En présentant un juz au maître, le voyageur consent à ne jamais révéler les secrets Divins qui lui sont confiés. C'est à dire que même menacé de décapitation, l'on ne doit pas révéler ces secrets. En d'autres termes, la tête du voyageur est présentée symboliquement au maître comme otage pour les secrets de Dieu.

  3. Une bague (angushtar)

    La bague donnée au maître en entrant dans le monde de la pauvreté spirituelle représente l'anneau porté par les esclaves dans les temps anciens, et signifie la dévotion du voyageur envers Dieu. En présentant cette bague au maître, le voyageur fait le voeux de se dévouer seulement à Dieu, et d'abandonner tout désir pour toute autre chose.

  4. Une pièce de monnaie (sikka)

    La pièce symbolise la fortune et les richesses de ce monde. Le voyageur, en présentant cette pièce au maître, promets de vider son coeur de tout désir pour la richesse en ce monde. Ici, et cela doit être pris en compte, le but est de n'avoir aucun attachement à la richesse. Si le soufi est riche un jour, et pauvre le jour suivant, il ou elle n'est pas affecté(e) par l'une ou l'autre de ces conditions. Etant riche, le soufi doit être généreux; étant pauvre, il doit rester joyeux et patient.

  5. Le sucre candy (nabat)

    Nabat représente le sucre donné comme offrande pour la seconde naissance du chercheur. Alors que sa première naissance est de sa mère, la seconde survient en entrant dans le domaine de la pauvreté spirituelle. Par sa seconde naissance, le chercheur entre dans le royaume de la Spiritualité, de la Vérité et de l'Unification, étant né de la mère de la nature et de la multiplicité dans le monde de l'amour ('ishq), de l'amour-bonté (muhabbat) et de l'Unité (tawhid). En présentant ce sucre candie, le voyageur réalise également que la Voie doit être traversée avec paix de l'esprit et joie, et non avec dépression et déplaisir.

 

Les cinq engagements

Avant d'entrer dans le cercle de la pauvreté spirituelle, le chercheur prend cinq engagements envers le maître. C'est seulement lorsque le chercheur accepte et comprend la signification de ces engagements que le maître vient le guider au long de la Voie droite de l'Unité de l'Ordre Nematollahi.

  1. La soumission à Dieu (taslim)

    En entrant dans le monde des soufis, le chercheur fait un voeux (niyyat) de se soumettre de tout son coeur et avec la plus grande sincérité. La soumission (taslim) signifie que le chercheur est totalement soumis à la Volonté de Dieu. A la fois extérieurement et intérieurement, et satisfait de tout ce que Dieu désire.

  2. Gentillesse envers les créatures de Dieu

    En entrant dans le monde des soufis, le chercheur fait un voeux (niyyat) de se soumettre de tout son coeur et avec la plus grande sincérité. La soumission (taslim) signifie que le chercheur est totalement soumis à la Volonté de Dieu. A la fois extérieurement et intérieurement, et satisfait de tout ce que Dieu désire:

    Je suis joyeux et satisfait du monde,
         car le monde est joyeux et satisfait de Dieu.
    Je suis amoureux de toute la création,
         car toute la création appartient à Dieu.

  3. Préservation des secrets de la Voie

    Au début de son voyage dans la Voie (suluk), le soufi fait le voeux de ne jamais révéler à personne les secrets qui lui sont confiés, que ce soit à un étranger, un ami, ou un compagnon derviche. Ces secrets sont le souvenir et la contemplation qui lui sont donnés, aussi bien que les découvertes et révélations dont il a été témoin dans le monde de l'Unité.

    De tels secrets ne doivent être révélés à personne sinon au maître. De cette façon, les secrets ne tomberont pas dans des mains incapables de les garder.

    Celui par qui la potence fut honorée
         était celui accusé d'avoir révélé les secrets.

    —Hafiz,

  4. Service dans la Voie

    Du début à la fin de la Voie, le soufi doit se charger d'accepter et d'obéir avec tout son coeur et son esprit, sans demander "comment" ou "pourquoi", tout ordre ou service donné par le maître.

    Le soufi doit savoir qu'agir négligemment dans un tel service ne causera que l'égarement de la voie de dévotion. Un tel service est si efficace qu'il peut être dit: "Quoique le soufi trouve, il ou elle l'a trouvé dans le service."

    Sa'di présente une belle illustration du service dans son poème du Bustan sur le Sultan Mahmoud et Ayaz, son serviteur. Le poème commence par une personne qui critique Mahmoud en disant, "quelle chose stupéfiante! Ayaz, son favori, n'a aucune beauté. Une fleur sans couleur, sans odeur, qu'elle est étrange l'attraction du rossignol!" Lorsqu'on lui rapporta ces mots, Mahmoud répondit, "en Vérité mon amour est pour sa vertu, et non pour sa forme ou son visage."

    Sa'di poursuit ensuite en racontant l'histoire d'une procession royale où un chameau chargé de joyaux et de perles trébucha et tomba, répandant ses pierres précieuses. Le Sultant Mahmoud, dans sa générosité, autorisa ses sujets à piller les joyaux et s'enfuir à la hâte. Tous brisèrent les rangs et s'empressèrent de ramasser les joyaux, négligeant le Roi pour sa fortune. Seul Ayaz ignora les joyaux et continua à suivre le Roi.

    Lorsque Mahmoud le vit le suivre, il appela, "O Ayaz, qu'a tu récupéré du pillage?" En réponse Ayaz déclara, "je n'ai pas cherché de joyaux, mais ai suivi mon Roi, car comment puis je être occupé par tes dons, alors que ce que je recherche est de servir?"

    Sa'di conclut:

    O l'Ami, Si tu t'approches du Trône,
         Ne néglige pas le Roi pour ses joyaux;
    Car dans cette Voie, le saint ne demande jamais
         Quoique ce soit de Dieu sinon Lui.
    Alors sache que si tu cherches la Grâce de l'Ami,
         you’Tu es dans ta propre prison et non la Sienne.

  5. Dig-jush

    En entrant dans le monde de la pauvreté spirituelle, le soufi déclare intérieurement, "je suis venu pour me sacrifier à l'Ami."

    Afin de démontrer cela, tout comme Abraham qui, par commandement de Dieu, sacrifia un agneau à la place d'Ismaël, le soufi (avec la permission du shaikh ou maître) devrait préparer un repas spécial avec de l'agneau, en accord avec l'adab et la tradition de pauvreté spirituelle, et le distribuer parmi les derviches. La nourritures ainsi préparée est appelée dig-jush.

 

* ghusl: acte d'ablution - le lavage de son corps de la façon prescrite pour la purification.
* niyyat: Un voeux ou une déclaration de ses intentions de pratiquer un acte de dévotion particulier, comme, le plus couramment, namaz (ou prière quotidienne).


Extrait de La voie: pratiques sprirituelles par Dr. Javad Nurbakhsh

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